Mes chers compatriotes,

Le Gabon est un grand pays. C’est la terre de nos ancêtres. C’est notre héritage que nous devons préserver et enrichir. C’est notre culture, diverse mais unifiée autour de notre identité nationale.

Je vois dans cette salle mes frères et sœurs de toutes nos provinces. Vous êtes ma famille. Dieu est témoin que je n’ai jamais ménagé mes efforts pour protéger mon peuple et bâtir pour sa jeunesse un avenir meilleur.

A ceux qui sont venus des neuf provinces, je dis : prenez places mes sœurs, mes frères, dans l’espace que nous ont légué nos pères et mettons-nous à l’ouvrage, travaillons avec ardeur afin de bâtir ensemble une société juste et prospère.

 

Chers frères, chers sœurs,

Notre Gabon est un grand pays. Nos sous-sols regorgent d’énormes richesses en ressources naturelles. Nos paysages sont d’une beauté inégalée. La diversité de notre flore et de notre faune est exceptionnelle. Mais il va sans dire que la plus grande richesse du Gabon, c’est le peuple gabonais. Nous sommes une Nation unie qui a toujours su préserver la paix. Notre peuple est talentueux et déterminé. Nos champions rayonnent au niveau mondial.

En tant que Chef de l’Etat, à qui vous avez confié l’honneur de conduire la destinée collective du Gabon, je considère comme une priorité absolue de libérer le potentiel de notre peuple. Mais pour cela, nous allons devoir changer certaines habitudes et vaincre de vieilles résistances.

Tel est mon message d’aujourd’hui à l’endroit de chaque Gabonais, d’où qu’il vienne, et quelle que soit sa condition sociale .

 

Mes chers compatriotes, « Changeons Ensemble ».

Comme tout grand pays, le Gabon doit avoir de grandes ambitions. Et je nourris une grande ambition pour mon pays. L’ambition que chaque Gabonais ait la même opportunité d’exprimer son talent, de subvenir à ses besoins, sans considération de sa naissance, de ses relations, de sa richesse. Chaque Gabonais doit être jugé sur son savoir-faire, sa volonté et son mérite. L’égalité des chances : c’est l’ambition que je nourris pour mon pays et que je veux vous présenter en détail aujourd’hui.

Pour nous, l’égalité des chances est d’abord une nécessité. Si nous voulons un Gabon prospère et dynamique, il nous faut nous assurer que tous les fils et filles du pays participent à l’édification de son plan d’émergence. C’est de cette façon que nous assurerons la création de nouveaux emplois, que nous concrétiserons les nouvelles opportunités. C’est de cette manière que nous irons chercher la croissance des revenus pour parvenir à une qualité de vie meilleure pour nos familles.

 

Chers frères, chers sœurs,

Les six dernières années nous ont permis d’entamer les changements dont le pays a besoin. La Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS) a permis à près d’un million de personnes d’avoir accès aux soins médicaux élémentaires. Des centaines de milliers de Gabonais qui n’avaient pas les moyens de se soigner ont désormais l’égalité d’accès aux soins de santé de première nécessité. Notre programme d’amélioration des routes et des ponts a permis de désenclaver les quatre coins du pays. Certaines provinces étaient isolées du reste du territoire : nous avons mis fin à cette inégalité dans la Ngounié, l’Ogooué- Lolo ou encore l’Ogooué-Ivindo, en attendant bientôt l’Ogooué-Maritime et la Nyanga. Au passage, ces travaux d’infrastructures ont créé des milliers d’emplois, et facilité les déplacements et les échanges commerciaux.

Mais j’ai conscience qu’il en faut encore beaucoup plus pour concrétiser l’égalité des chances au Gabon. Et c’est pour cela que je n’ai pas peur de prendre cet engagement aujourd’hui, devant vous, que je ne reculerai pas devant les obstacles à la concrétisation de cette ambition. Je m’engage fermement, devant vous, à changer les pratiques dans notre société qui se sont avérées contre-productives et néfastes. Vous savez que ce n’est pas pour moi un combat nouveau. Depuis 1984, avec d’autres compatriotes, nous avons lutté pour impulser les changements qui ont conduit à l’ouverture démocratique. A l’époque, nous n’étions pas nombreux à tenir cette position. Depuis 2009, vous avez été témoins : je n’ai pas eu peur, lorsque les circonstances l’exigeaient, de mettre fin à des privilèges indus.

Il n’est pas tolérable que dans notre pays, l’accès à l’éducation et à la formation, aux soins de santé, aux emplois et aux logements, repose le plus souvent sur les privilèges d’ordre familiaux ou politiques. Cela signifie que certains individus non-qualifiés sont placés à des postes importants, aux dépens de personnes méritantes, exclus du système. Cette injustice est immorale et pénalise notre économie.

 

Mes chers compatriotes,

Je prône l’égalité des chances pour l’accès aux savoirs, aux soins de santé, à l’emploi, et au logement. Je prône l’égalité des chances pour les jeunes et les moins jeunes, les hommes et les femmes dans chaque province du Gabon. Je prône l’égalité des chances pour la revalorisation des retraites. Je veux m’assurer que notre pays avance non pas uniquement pour avantager les personnes de bonne famille, mais pour l’intérêt de tous ceux qui contribuent à sa richesse par leurs bonnes idées, leur travail et leur mérite.

Pour assurer ce changement, nul n’est mieux placé que moi. En effet, je connais mieux que quiconque le fonctionnement du système actuel. Et c’est parce que je connais ce système de l’intérieur que j’en vois toutes les limites. C’est parce que j’ai vécu toutes les difficultés qui se sont érigées sur notre route ces six dernières années qu’il m’apparaît indispensable de réformer en profondeur notre société. Nous avons besoin de l’égalité des chances pour atteindre nos objectifs de développement économique et social. Nous avons besoin de placer aux postes de responsabilité les meilleurs talents Gabonais, quelle que soit leur origine ou leur affiliation. Cela fait longtemps que je fais de la politique. J’ai observé comment fonctionne le système des privilèges et le combat mené par certains pour le préserver.

 

Vous savez qui je suis, où j’ai grandi et d’où je viens. Je suis un fils du Gabon, engagé et déterminé à apporter ce changement. Pourtant, j’aurai pu me contenter d’une vie de privilèges. J’ai préféré choisir une vie de combats. De combats au service du peuple.

C’est pourquoi aujourd’hui, je m’efforce à mettre notre pays sur la voie du changement avec l’annonce d’un programme accéléré de promotion de l’égalité des chances. Mon engagement est irréversible. L’égalité des chances sera aussi un changement irréversible de notre société, pour le meilleur. Le Gabon de l’Egalité des Chances sera un Gabon plus juste, plus efficace, plus prospère.

Il est de notre intérêt à tous de bâtir un système qui récompense les bonnes idées, le travail bien fait. Le changement est en marche. Solennellement donc, je déclare que le programme pour l´égalité des chances dans notre pays est activé. C’est un plan global, qui touche à de nombreux aspects de nos vies et je demande à mon Gouvernement d’exécuter les politiques nécessaires pour atteindre les objectifs que nous fixerons dès aujourd’hui.

 

Le Programme pour l’Egalité des Chances est organisé autour de 5 éléments clés.

Le premier axe du programme, qui constitue le socle de l’égalité des chances, est d’offrir une éducation de qualité et une formation qualifiante, adaptée aux besoins de l’économie, pour tous nos jeunes. Leur permettre d’accéder au savoir et à l’expertise technique est la meilleure garantie de notre réussite collective. En effet, notre plus grande richesse est notre jeunesse. Nous devons lui donner les moyens de se réaliser et de transformer les opportunités du Gabon Emergent.

Le marché du travail demande que nos jeunes soient compétitifs afin de trouver leur place dans la société. Avec le lancement des centres d’excellence pour la formation professionnelle, nous allons permettre à plus de 2000 jeunes de se former, chaque année, dans les métiers techniques qui correspondent au besoin des entreprises recrutent. Le Gabon a besoin de mécaniciens, d’ingénieurs en bâtiment, d’infirmières, de techniciens agricoles et d’informaticiens qui soient bien formés. Autant de compétence qu’il nous faut renforcer pour que nos jeunes aient les outils nécessaires pour affronter l’avenir en confiance.

 

Deuxièmement, le Programme pour l’Égalité des Chances appelle de nouvelles avancées en matière d’accès aux soins de santé et de prise en charge des patients. Avec la mise en place de la CNAMGS, les Gabonais se sentent d’avantage protégés. Mais nous devons en faire encore plus. Nous devons continuer à améliorer la qualité des services de notre système de santé, raccourcir les délais d’attente et augmenter la prise en charge des coûts des médicaments.

Mon Programme d’Égalité des Chances renforcera notre offre de soins et étendra le remboursement des médicaments par la CNAMGS. Surtout, il assurera l’égalité d’accès aux soins de santé et aux médicaments sur l’ensemble du territoire national. Le Gabon a besoin d’hommes et femmes en bonne santé pour réussir le pari de l’emploi. L’Égalité des Chances veut dire des chances égales d’accès à des soins de santé de qualité.

 

Troisièmement, les Gabonais doivent avoir une égalité des chances devant l’emploi. Le travail est le fondement de la sécurité économique et sociale. Il procure à l’individu l’indépendance et le respect auquel il a droit. Avoir un travail est particulièrement important pour les jeunes. Il leur permet d’acquérir l’autonomie nécessaire pour démarrer leur vie d’adulte. C’est pour cela que je prône l’égalité des chances devant l’emploi pour tous les Gabonais.

Créer des emplois pour les Gabonais dépend du dynamisme de notre économie. Avec la chute continue du prix du baril du pétrole, le Gabon ne peut plus compter seulement sur cette ressource. Fort heureusement, depuis six ans, nous diversifions notre économie dans l’agriculture et l’agro-industrie, l’industrie du bois, l’industrie minière et les services. Notre secteur privé crée désormais plus de 4000 emplois par an.

Nous devons en créer beaucoup plus encore pour faire en sorte que chaque Gabonais se voit offrir une opportunité de contribuer à l’effort de développement national. Le programme GRAINE, qui ambitionne de créer 20 000 emplois en cinq ans, est une première réponse à ce défi. La zone industrielle de NKOK en est une autre. Les Pactes d’Ajustement pour la Compétitivité et de Responsabilité pour l’Emploi, que nous allons conclure avec le secteur privé, viendront préciser les moyens de faciliter la création d’emplois dans tous les secteurs de l’économie. Les premiers bénéficiaires en seront nos jeunes. Leur offrir des emplois, c’est leur garantir un avenir juste et équitable. Car l’égalité des chances signifie avant tout égalité des chances d’obtenir un emploi.

 

Quatrièmement, le Programme pour l’Égalité des Chances doit favoriser l’autonomisation des femmes. Elles sont le socle de notre société bantoue. Les femmes représentent plus de la moitié de notre population. Elles méritent d’avantage d’opportunités pour développer leur potentiel et trouver un emploi. Je me tiens à leur coté pour l’égalité des chances dans l’emploi, la formation, l’accès aux responsabilités gouvernementales et administratives. La femme gabonaise a droit à un soutien particulier quand elle est confrontée aux aléas de la vie spécifiques à son genre. Je pense aux grossesses précoces, qui conduisent beaucoup de nos filles et sœurs à être exclues du système scolaire et à entrer dans la précarité. Notre programme offrira des politiques spécifiques d’appui dans la santé, l’éducation, la formation professionnelle, l’octroi de prêts en microfinance aux femmes entrepreneurs. Je salue ici l’action de mon épouse, Sylvia BONGO ONDIMBA, pour l’œuvre qu’elle accomplit à travers sa fondation éponyme dédiée à la famille. Son engagement est pour moi un exemple inspirant de ce qu’il nous faut mener à plus grande échelle et de manière systématique. Aussi, nous nous assurerons que les femmes soient mieux protégées par le code du travail et en cas de discrimination ou de violences conjugales. Ainsi, des sanctions sévères seront infligées aux agents des forces de l’ordre et autres fonctionnaires indélicats qui essayeraient d’abuser d’elles. L’Egalité des chances signifie des chances égales pour les femmes. C’est tout le sens que je donne à la décennie de la femme au Gabon.

 

Enfin, cinquièmement, le Programme pour l’Egalité des Chances doit combattre l’injustice et les privilèges indus, pour promouvoir la méritocratie et la performance. Concrètement, cela revient à combattre les privilèges non mérités, les passe-droits, les marchés truqués, la cooptation sur des critères d’appartenance ethnique, politique, religieux ou familial. Nous devons faire en sorte que chaque citoyen ait accès aux opportunités offertes par la République, en fonction de ses mérites personnels.

Cela aura pour résultat plus d’efficacité et une meilleure qualité de service aux usagers dans l’administration, et plus de dynamisme pour notre secteur privé. La République Gabonaise est une République inclusive. Elle doit offrir les mêmes chances d’épanouissement à tous ses enfants. Pour ceux qui sont nés dans des milieux défavorisés, l’ascenseur social doit être une réalité.

 

Mes chers compatriotes, Ce Programme d’Égalité des Chances apportera les grands changements dont nous avons besoin. Ses dispositions ne régleront pas tous les problèmes de notre pays du jour au lendemain. En effet, changer les mentalités dans notre pays et passer d’un système de privilèges à l’égalité des chances sera l’œuvre de toute une génération.

En vous dévoilant ce programme, j’ai voulu impliquer chacun de nous dans le processus de l’émergence de notre pays. C’est mon devoir de mener le Gabon sur la voie de la prospérité. Le vôtre sera de soutenir mon programme pour l’Egalité des Chances. Ensemble, nous pouvons changer notre société et créer les opportunités pour le bien-être de tous. Je vous convie à vous engager à mes côtés dès maintenant. Changeons ensemble pour le bien de notre Nation.

 

Vive la République,

Vive le Gabon,

Et que Dieu bénisse notre pays.

Egalité des Chances : Discours du Président Ali Bongo Ondimba
Egalité des Chances : Discours du Président Ali Bongo Ondimba
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