« En 2011, je commandais la réalisation d'un rapport d'experts sur la situation spécifique des veuves au Gabon, dont les résultats étaient sans appel.

Parmi eux, le rapport soulignait que 47% des veuves au Gabon étaient victimes de maltraitance et de spoliation contre seulement 21% qui rentraient dans leurs droits.

Bien plus qu'une simple problématique de deuil, la condition des veuves dans le monde est un véritable enjeu humanitaire.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes, puisqu'on compte aujourd'hui 258 millions de veuves dans le monde, parmi lesquelles 115 millions vivent dans une pauvreté extrême et 81 millions sont victimes d'abus sexuels.

Dans de nombreux pays en développement tels que le Gabon, la mort du conjoint signifie trop souvent, pour la veuve, la perte pure et simple de ses droits et de son statut social, outre les ressources qui assuraient son quotidien.

Le deuil n'est alors malheureusement qu'une première étape, annonciatrice d'une série de traumatismes encore plus dramatiques. Face à cette réalité alarmante, je me suis engagé à faire de la question de la veuve et l'orphelin, un axe prioritaire de mon action.

Nous vivons dans un pays où le poids des traditions est réel et l'évolution des mentalités, un processus lent.

Il importe de faire évoluer notre Droit pour l'adapter aux enjeu contemporains. Cela nécessite une réforme en profondeur de notre société, ce à quoi je me suis attachée ces cinq dernières années.

La première pierre de ce projet a été posée lorsque, avec l'aide de mon mari, le président Ali Bongo Ondimba, et de la diplomatie gabonaise, j'ai porté à l'ONU la résolution 65/189 sur l’instauration d'une journée internationale des Veuves tous les 23 juin.

Dès lors, ma Fondation et moi-même avons mené à terme plusieurs réalisations qui ont abouti à une amélioration significatives de conditions de vie des veuves.

D'une part, la mise en place d'un véritable arsenal législatif a considérablement amélioré la protection et l'accompagnement des veuves dans l'acquisition de leurs droits.

Dès 2012, avec la création de l'Observatoire national de protection des droits de la famille et celle du Fond national d'aide Sociale, nous avons œuvré sans relâche pour que les veuves bénéficient d'une meilleure prise en charge.

De même, plusieurs textes de lois particulièrement symboliques ont été votés comme, le décret fixant le régime de l'assistance judiciaire, désormais chargée d'apporter de l'aide aux personnes économiquement faible, la loi donnant le droit au conjoint survivant d'obtenir l'acte de décès du défunt, mais aussi au texte traitant de la dévolution successorale ou encore au projet de loi prévoyant une égalité de traitement entre le conjoint survivant homme et femme et la réévaluation de la pension de survivant des orphelins de père et de mère.

D'autre part, l'organisation de campagnes de sensibilisation et d'information a permis de lever le voile sur la souffrance et les injustices dont sont encore trop souvent victimes les veuves et suscité une prise de conscience nationale.

En 2011, nous avons mobilisé la société civile et les institutions sur la thématique du tabou avec la campagne « Levons le voile », en 2012, sur le sort réservé aux veuves tandis qu'en 2014, nous avons souhaiter sensibiliser les veuves et la population au parcours juridico-administratif à mener pour faciliter l'accès à leurs droits.

Parce que malgré toutes ces avancées, le chemin à parcourir est encore long, j'appelle chacun d'entre nous à continuer à se mobiliser pour que cessent la violence et la spoliation qui frappent encore les veuves mais plus largement les femmes et les familles de notre pays.

Aujourd'hui, ma conviction est qu'il faut encore aller plus loin dans nos ambitions.

Le bilan positif de ses cinq années doit nous encourager à mettre toute notre énergie au service du renforcement et de la promotion des droits des femmes pour le bien de nos familles, de notre société. »

Tribune libre de la Première Dame du Gabon, Sylvia Bongo Ondimba - Journée internationale des veuves 23 juin 2015
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