L’émergence d’une nouvelle génération d’agriculteurs compétents, productifs et solidaires
27 avr. 2015Le programme Graine (Gabon des Réalisations Agricoles et des Initiatives des Nationaux Engagés) est un programme d’accompagnement dans les démarches de création et de développement de coopératives agricoles sur le territoire national, pour l’émergence d’une nouvelle génération d’agriculteurs compétents, productifs et solidaires.
Il s’adresse à tous les Gabonais âgés de 21 ans et plus, sans distinction de catégorie sociale, d’ethnie, de religion ou d’appartenance politique, etc. Il leur est demandé de se regrouper en coopératives de 30 membres environ.
Les moyens initialement mis en œuvre sont financés par les partenaires au projet sous forme d’avances accordées aux coopératives. Ensuite, les coopératives vont rembourser ces avances au fur et à mesure de la récolte de leurs productions.
Pouvez-vous nous parler du projet Graine ? Comment allez-vous réinvestir les populations rurales dans le projet agricole alors qu’elles ont déjà des plantations qui les font vivre ? Qui pilote ce projet et avec quels moyens ? Avez-vous des partenaires impliqués dans ce projet ?
M. Théophile Ogandaga (coordinateur du programme Graine pour OPG) : Le programme « Gabon des Réalisations Agricoles et des Initiatives des Nationaux Engagés », en abrégé GRAINE, est un programme d’accompagnement dans les démarches de création et de développement de coopératives agricoles sur le territoire national, pour l’émergence d’une nouvelle génération d’agriculteurs compétents, productifs et solidaires.
Ce programme s’adresse à tous les Gabonais âgés de 21 ans au plus, sans distinction de catégorie sociale, d’ethnie, de religion ou d’appartenance politique, etc.
Il leur est demandé de se regrouper en coopératives de 30 membres environ, parce que le programme entend travailler avec des coopératives déjà existantes ou nouvellement créées et non avec des particuliers.
Regroupements en coopératives agricoles Il est développé par la société SOTRADER (formée d’un partenariat public/privé entre le gouvernement du Gabon et un partenaire technique, le groupe Olam) qui est chargée de fournir aux coopératives engagées dans le programme Graine les services inscrits dans l’accompagnement, dans le cadre d’un Contrat de Gestion et de Préfinancement que cette société va établir avec chacune de ces coopératives.
Le cadre d’accompagnement proposé par le Programme Graine prévoit quatre principaux axes de services que SOTRADER va fournir aux coopératives :
- Aider les individus à se regrouper en coopératives. Il s’agit ici de la vision de l’autonomisation par le modèle de l’entreprenariat : le programme Graine propose aux Gabonaises et aux Gabonais de construire leur indépendance financière par le développement d’une activité professionnelle génératrice de revenus réguliers pour leur famille, et dans le même temps d’accéder à la propriété ;
- Former des superviseurs terrain parmi les membres des coopératives. C’est un processus de transfert de compétences à travers lequel les participants au programme seront formés aux meilleures pratiques de gestion agricole grâce à l’encadrement par une équipe d’experts reconnus ;
- Assister les coopératives à disposer de terrains et leur fournir le matériel ainsi que les intrants ;
- Assurer l’encadrement de la gestion de l’activité agricole développée par les coopératives, notamment le rachat de la production de la coopérative, qui est garanti par SOTRADER.
Il faut préciser que le Contrat de Gestion et de Préfinancement se poursuivra jusqu’au terme du remboursement. Le programme Graine n’a pas pour vocation de réinvestir les populations rurales dans ce programme alors qu’elles ont déjà des plantations qui les font vivre. Cela n’a pas de sens.
Le programme Graine s’adresse en priorité aux locaux, sans activités génératrices de revenus, demeurés dans le milieu rural ;
aux individus désœuvrés dans les villes, issus du monde rural ;
aux individus ayant quitté la province et souhaitant y retourner ;
et aux citoyens gabonais sans distinction particulière.
Ce programme est développé dans le cadre d’un partenariat public/privé entre l’Etat gabonais et le groupe Olam de Singapour. Celui-ci agissant comme partenaire technique.
Les moyens initialement mis en œuvre sont financés par les partenaires au projet sous forme d’avances accordées aux coopératives. Ensuite, les coopératives vont rembourser ces avances au fur et à mesure de la récolte de leurs productions. Des avantages intéressants aux coopératives, aux membres et au Gabon
Quels sont les avantages de ce projet ? S’agit-il de former une nouvelle génération d’agriculteurs et dans quel secteur de l’agriculture ?
Le programme Graine offre plusieurs avantages aux coopératives agricoles, à leurs membres et au pays lui-même. Les principaux avantages offerts par le programme Graine sont destinés aux coopératives agricoles, à l’accompagnement dans le processus de création de leur entité juridique et dans le développement de leurs installations ;
à la mise à disposition d’une superficie de terrain et l’accession à la propriété grâce à la délivrance par l’administration compétente d’un titre foncier au nom de la coopérative ;
à la formation des membres aux techniques de gestion et d’exploitation d’une installation agricole ;
à l’encadrement tout au long du calendrier cultural ;
à la garantie du rachat de la production. Pour les membres de la coopérative : l’accession à une propriété de 0,5 Ha avec la délivrance par l’autorité compétente d’un titre foncier ;
l’indépendance financière par le développement d’une activité professionnelle génératrice de revenus réguliers pour leur famille ;
l’accès à des centres de santé et des écoles qui seront établis dans les zones de commodité à proximité des villages coopératives. Et pour le Gabon : une plus grande contribution du secteur agricole dans la formation du PIB, entrainant ainsi une diversification de l’économie gabonaise trop dépendante de la rente pétrolière et minière ;
le progrès pour assurer la sécurité et l’autosuffisance alimentaire du pays ; la baisse significative des importations de denrées alimentaires et l’amélioration de la balance des paiements avec les pays fournisseurs de ces denrées.
Le programme Graine s’est donné effectivement pour ambition de favoriser l’émergence dans le secteur agricole d’une nouvelle classe d’entrepreneurs modernes (plus de 20 000) ;
le développement socio-économique harmonieux des zones rurales ;
et l’émergence et la diversification de l’économie gabonaise par le biais d’une agro-industrie moderne. Développer en priorité les cultures les plus consommées par la population gabonaise
Est-ce dans l’agro-business ou l’agriculture traditionnelle avec des produits tels que la banane plantain, le manioc, le piment, etc. ?
Le programme s’adresse à ces deux volets, à savoir l’agro-business et l’agriculture dite vivrière. En effet, le programme Graine a un double objectif :
A) Aider le Gabon à atteindre la sécurité et l’autosuffisance alimentaire (cultures vivrières) ;
B) Développer des agro-industries autour des produits pour lesquels le Gabon est compétitif au niveau mondial (cultures de rente).
Pour atteindre le premier objectif, le programme Graine entend développer en priorité les cultures les plus consommées par la population gabonaise, à savoir la banane plantain, le manioc, la tomate, le piment, etc.
Pour réussir le second objectif, le programme Graine retiendra les cultures de rente pour lesquelles le Gabon peut être très compétitif comme le cacao, le palmier à huile et l’hévéa.
La compétitivité sur ces cultures découle de l’existence d’un climat très favorable qui garantit de hauts rendements quand on les compare avec la moyenne dans le reste du monde. 2500 Gabonais en formation aux techniques agricoles modernes en Malaisie
Quel est le plan de formation de ces agriculteurs et le plan d’aménagement et de gestion durable des zones mises à leur disposition ?
Les membres de la coopérative sont par définition les premiers acteurs pour la gestion de leur coopérative. Le programme Graine propose aux membres des coopératives un plan de formation qui vise à répondre à plusieurs objectifs déterminants pour le bon déroulement de leur entreprise agricole :
- Introduire les meilleures pratiques de gestion de la plantation moderne.
- Inculquer la culture et la discipline de la gestion de patrimoine par l’immersion totale.
- Inculquer les éléments d’éthique de travail dans les plantations industrielles.
- Amener un changement de mentalité chez les stagiaires pour passer d’une attitude de « laisser-aller » à une attitude disciplinée, nécessaire pour le développement de plantations organisées.
- 2500 Gabonais partiront en Malaisie pour y suivre pendant 4 mois une formation aux techniques modernes de gestion agricole, sanctionnée par la délivrance d’un diplôme.
Des formations seront également dispensées au Gabon par des experts nationaux et internationaux. Dans le cas de certaines cultures, il y aura des formations au Cameroun et en Côte d’Ivoire.
Le plan d’aménagement et de gestion durable des zones mises à la disposition des coopératives obéira aux meilleures pratiques en vigueur, ainsi qu’aux lois et règlements du Gabon. Aucun projet de plantations ne sera réalisé dans les zones de haute valeur de conservation.
Des Etudes d’Impacts Socio-environnementaux (EISE) seront faites dans le respect des lois en vigueur au niveau national. 4 à 7 hectares aménagés et octroyés à chaque membre de la coopérative et avec un titre foncier
La question des titres fonciers pour les zones agricoles sera-t-elle résolue ?
Les terrains sont identifiés sur proposition des coopératives existantes, en fonction des conditions agro-climatiques et en fonction de la qualité des sols. Dans le cadre du programme Graine, des titres de propriété seront établis au nom de la coopérative et seront délivrés par les autorités compétentes.
Une fois l’accord signé, le membre de la coopérative reçoit sa parcelle de 4 à 7 hectares (en fonction de la culture) dans la zone agricole, dont le titre foncier est établi au nom de la coopérative.
Chaque membre de la coopérative ayant signé se voit attribuer 0,5 hectare de terrain pour la réalisation de son habitation (matériaux de construction fournis par SOTRADER) et une aire de culture vivrière. Il en obtient le titre foncier individuel après 18 mois d’appartenance au sein de la coopérative.
Ces jeunes agriculteurs vont produire pour quel marché ?
Dans le cas des cultures dites vivrières, le marché local constitué des grands centres urbains tels que Libreville, Port-Gentil, Franceville, etc. sera privilégié. Toutefois, les productions excédentaires seront vendues à l’international.
Pour les cultures de rentes, le marché principal est celui de l’export.
Le programme a été lancé le 22 décembre 2014. Et 2 mois après, un centre d’appel national est déjà fonctionnel, un centre d’accueil est ouvert à Libreville, 2 centres régionaux sont ouverts dans l’Ogooué-Ivindo (Makokou) et le Woleu-Ntem (Oyem), plus de 4 000 personnes ont été identifiées dans l’Ogooué- Ivindo au sein de 111 associations dont 49 ont déjà reçu leur agrément de formation en coopérative délivré par le ministre de l’Agriculture cette semaine et 62 autres sont en cours.
Plus de 1 500 personnes ont été identifiées dans le Woleu-Ntem au sein de 78 associations. La phase d’identification des terrains par les équipes de l’ANUTTC est en cours, en vue de la délivrance de permis agricoles.
Les premières routes sont en train d’être faites dans l’Ogooué-Ivindo, les machines sont sur le terrain et le travail de préparation de terres a commencé.
Les phases de recrutement pour la formation des superviseurs ont commencé et par conséquent 60 personnes ont été identifiées dans le 1er groupe qui part en Malaisie.
Les phases de pré-sélections ont commencé à Mouila, Kango et Bitam depuis le début de cette semaine. Les jeunes viennent de l’Estuaire (Kango et autres coins), de la Ngounié (Moabi, Mouila, Fougamou), du Haut-Ogooué (Franceville, Ngouoni et autres), de l’Ogooué-Lolo (Lastoursville), de l’Ogooué-Ivindo (Makokou et autres).
Des outils techniques ont été préparés pour les membres des coopératives :
- Etudes de faisabilité complète par culture,
- Fiches illustrées de méthodologie par culture, les fiches technico-économiques (itinéraire technique, calendrier cultural, zone préférentielle de culture, nombre d’hectares qu’une seule personne peut gérer seule, marché, aspects financiers annuels (charges, recettes, compte d’exploitation prévisionnel, échéancier de remboursement).
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