Organisé à Paris Bercy, au ministère des Finances donc, ce forum a permis de faire le point sur les relations économiques entre la France et l'Afrique.

Manifestation d'envergure, car près de 500 entreprises françaises et africaines y ont participé ainsi qu’une cinquantaine de ministres et plusieurs chefs d'État : le Gabonais Ali Bongo Ondimba, le Sénégalais Macky Sall, l'Ivoirien Alassane Ouattara et le Français François Hollande.

 

Une approche plus concrète des relations économiques entre la France et l'Afrique 

« L'enjeu est d'atténuer les obstacles aux échanges », explique un conseiller du président François Hollande. Parmi ces obstacles figure la délivrance de visas de circulation. En deux ans, on est passé de « 200 000 à 300 000 visas accordés à des citoyens africains », explique une source proche de l'Élysée.

Derrière, il y a une réalité : la France tente de reconquérir le terrain qu’elle a perdu en Afrique face à la Chine et à d’autres puissances économiques.

En concrétisation des recommandations d’un forum économique organisé par le ministère de l'Économie et le Medef avant un sommet franco-africain à l'Élysée, des financiers, hommes d’affaires, ministres français et africains ont donc lancé, le 15 juillet 2014, la Fondation franco-africaine pour la croissance, avec pour ambition de dynamiser les liens entre entreprises africaines et françaises. C'est cette Fondation qui a été à l'origine de la manifestation de ce jour.

 

Contrer la Chine 

« L'Afrique est un continent convoité : la Chine notamment cherche depuis plusieurs années à s'y placer en première ligne, pour répondre à la demande d'une classe moyenne qui représentera dans les prochaines années entre 300 et 500 millions de consommateurs », a déclaré le ministre des Finances Michel Sapin.

« Au cours de la dernière décennie, la France n'a, elle, pas toujours perçu les signaux d'émergence de l'Afrique et elle a laissé, à ses dépens, sa part de marché se dégrader significativement », a-t-il déploré lors du rassemblement consacré au lancement de la fondation tenu au siège du ministère français de l'Économie à Bercy.

Face à de nouveaux partenaires, comme la Chine, qui tentent de s'implanter sur le continent, la France veut se montrer attrayante notamment en renforçant certains outils de financement de projets de développement. 

Mais les acteurs présents à ce forum posent désormais une exigence : celle de voir des retombées économiques dans les deux sens.

Le président Ali Bongo Ondimba plaide pour que les ressources naturelles ne soient plus seulement exportées vers les pays européens, mais transformées sur place, au bénéfice des pays africains.

« J’ai pris la décision dès le début de mon mandat en 2009 de mettre fin à l’exportation de grumes. Cette décision, mal comprise au début, permet aujourd’hui de renforcer l’industrialisation de la filière bois et la création d’emplois. Devons-nous encourager davantage ce type d’initiative à travers des partenariats mutuellement bénéfiques incluant les PME de nos pays respectifs qui sont les véritables moteurs de croissance et de création d’emplois ? » souligne le président gabonais.

 

Construire une relation décomplexée

Cela dit, sur l'axe franco-africain, « il faut construire une relation décomplexée avec la France, axée sur le développement. Il faut que les acteurs se parlent d'égal à égal », déclare un diplomate africain qui participe au Forum. Et cet aspect est fondamental.

Pour se positionner sur cette orbite, la Fondation a bénéficié du concours à la fois prestigieux et nourri d'expériences diplomatiques et d'entreprises de l'ex-ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine, du banquier d'affaires franco-béninois Lionel Zinsou et du dirigeant de l’assureur Prudential, Tidjane Thiam.

 

On acquiesce en France et en Afrique

Dans son sillage, un flot de questions : « Comment peut-on avoir attendu aussi longtemps avant de lancer cette fondation ? » a demandé le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, soulignant qu'elle avait pour vocation de créer des partenariats avec toute l'Afrique, anglophone, arabophone, francophone et lusophone, centrés sur le secteur privé.

La ministre des Finances du Nigeria, Ngozi Okonjo-Iweala, a estimé dans un message vidéo qu'il était « grand temps que la France monte sur le bateau » de la croissance africaine.

Le président de la Fédération des organisations patronales de l'Afrique de l'Ouest, Jean Kacou Diagou, a appelé les entreprises françaises qui veulent réussir en Afrique à privilégier les partenariats avec les investisseurs locaux.

 « Les jeunes Africains ont changé par rapport à notre génération. [...] Ils n'attendent plus les entreprises françaises : ils vont avec les Asiatiques, les Canadiens, les Américains, les Marocains. Je dirais qu'ils sont décolonisés de l'esprit. Il faut donc les reconquérir et pour cela créer des joint-ventures avec eux et non plus des filiales à 100 % », a-t-il ajouté, recommandant aux groupes français de « ne pas seulement exporter des Français dirigeants alors qu'ils peuvent en trouver sur place ».

 

Les premiers programmes lancés

Dans une tribune dans les colonnes de l'hebdomadaire Jeune Afrique, Lionel Zinsou, président de PAI Partners et cheville ouvrière d'AfricaFrance, annonce les premiers programmes qui seront lancés à compter de ce 6 février : « Des programmes de formation », dit-il.

Premiers objectifs : « L'emploi, les jeunes, les réseaux de femmes, l'environnement »Et d'ajouter : « Les méthodes : le partenariat direct d'entreprise à entreprise, de métropole à métropole, de communauté rurale à communauté rurale, d'université à laboratoire…»

Pas de doute, c'est bien d'une communauté organisée comme un réseau social qu'il s'agit. L'heure de l'action concrète ensemble a sonné pour l'Afrique comme pour la France.

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