Congrès Mondial des Parcs Sydney 2014: Allocution de S.E Ali Bongo Ondimba Président du Gabon
13 nov. 2014Excellences ,
Mesdames et Messieurs les Chefs d'Etat ;
Messieurs les Ministres ;
Mesdames et Messieurs ;
Je voudrais commencer par remercier nos hôtes, en Australie, pour l'accueil chaleureux que nous avons reçu ici à Sydney, et à l'UICN qui m'a invité à Co-parrainer ce Congrès mondial des parcs de 2014.
Le dernier congrès a eu lieu peu de temps après que mon prédécesseur, feu le Président Omar Bongo Ondimba, ait annoncé la création de 13 parcs nationaux, couvrant 11% des écosystèmes terrestres du Gabon.
Nous avons finalisé la création de ces parcs nationaux en 2007, lorsque notre loi sur les parcs nationaux a été approuvée par le parlement.
Par la suite, nous avons ajouté six nouveaux sites RAMSAR, une réserve de la faune et un arboretum, ce qui porte la couverture totale de nos aires protégées aujourd'hui à 21% de la surface du territoire gabonais.
Ce réseau d'aires protégées joue un rôle important dans la protection de la riche biodiversité de la forêt gabonaise.
Toutefois, conformément à notre engagement envers les objectifs d'Aichi pour la biodiversité au sein de la Convention sur la diversité biologique, nous avons intégré les priorités de la biodiversité en dehors des zones protégées, dans notre plan national d'utilisation des terres.
Ce faisant, nous cherchons à gérer des portions représentatives de toutes les unités terrestres distinctes du Gabon, afin de protéger toutes les espèces sauvages dont la conservation est préoccupante.
Récemment, nous avons étendu ces efforts à nos eaux territoriales et la zone économique exclusive.
Déjà, nos parcs et réserves protègent environ un tiers de notre littoral qui couvre 800 km, et qui abrite la plus grande population au monde de nidification de tortues luths, ainsi que 50% des mangroves protégées sur la côte Ouest de l'Afrique.
Cependant, moins de 1% de nos eaux territoriales et de notre Zone économique Exclusive sont actuellement protégées.
C’est bien loin des 20 à 30% de ce que les biologistes marins estiment qu’il est nécessaire de protéger pour maintenir la biodiversité et restaurer les zones appauvries en dehors des parcs.
Suite à une expédition marine menée en 2012 par National Geographic, la Fondation Waitt, La Wildlife Conservation Society et l'Agence Nationale des Parcs Nationaux du Gabon, nous avons lancé un programme que nous qualifions de "Gabon Bleu", qui vise à restaurer, préserver et gérer durablement le territoire océanique du Gabon , tout comme nous l'avons fait dans nos forêts au cours de la dernière décennie.
Aujourd'hui, je vous annonce notre décision de créer un réseau de parcs marins couvrant près de 23% des eaux territoriales et de la Zone Economique Exclusive du Gabon, au sein de laquelle aucune pêche commerciale ne sera autorisée.
Cela inclut une extension de 27.000 kilomètres carrés du parc national de Mayumba, l’étendant jusqu'à la limite de notre zone économique exclusive.
Le reste de la zone économique exclusive sera divisé en zones de pêche communautaires et commerciales et en zones d'exclusion pétrolières, où la pêche industrielle ne sera pas autorisée près des infrastructures économiques stratégiques.
Nous avons déjà pris des mesures pour éliminer la pêche illicite dans nos eaux territoriales. Nous planifions actuellement d'étendre ces actions dans les limites de notre zone économique exclusive.
Excellences,
Mesdames et Messieurs
Au cours des cinq dernières années, nous avons fait des investissements importants pour transformer notre autorité nationale de gestion des parcs nationaux, l’ANPN, en un organisme professionnel de gestion des parcs, bien équipé et disposant d’un personnel apte à répondre aux défis présents et futurs, dont les effectifs et les moyens d’action ont accru considérablement ces dernières années.
Je profite de cette occasion pour souligner le courage et le dévouement de notre personnel des parcs nationaux, en particulier les écogardes qui travaillent sans relâche, dans des conditions difficiles, pour protéger les parcs, leurs écosystèmes et leur faune.
Au cours des dernières années, nous avons connu une augmentation considérable du niveau de violence dans plusieurs parcs, où les ressortissants étrangers pénètrent à travers les frontières éloignées, afin de tuer nos éléphants pour le commerce de leur ivoire, et, plus récemment, nos pangolins pour le commerce de leurs écailles.
Armés de fusils de gros calibre et d’armes automatiques, ces bandes de braconniers organisés sont liées à des réseaux internationaux de criminels organisés.
Ils sont devenus de plus en plus violents au cours des dernières années, tirant souvent sur nos écogardes, car ils tentent à tout prix d'éviter leur arrestation.
De fait, nous avons été obligés de déployer des bataillons de l’armée régulière, plus d’une centaine de militaires, pour soutenir les équipes des parcs au Nord Est du Gabon.
La semaine dernière, au vu de l’importance de la situation, j’ai décidé d'augmenter cette force de manière significative.
Récemment, j’ai travaillé en étroite collaboration avec les chefs d'État du Botswana, du Tchad, de l'Ethiopie et de la Tanzanie par le biais de l'Initiative de protection de l'Eléphant, pour fédérer les pays africains et les organismes responsables des parcs nationaux dans la lutte pour la sauvegarde de notre patrimoine naturel commun.
Je prends aussi des mesures importantes pour assurer que le Gabon réponde à la plus grande menace pour la biodiversité - les changements climatiques.
Nous avons intégré le principe de faibles émissions de carbone dans notre stratégie de développement national et nous prenons des dispositions pour préserver notre couvert forestier, qui se trouve aujourd'hui à 88%.
Je serai l'hôte d'un dialogue Sud-Sud sur les changements climatiques à Libreville en Mars 2015, pour contribuer à un accord solide afin de lutter contre le changement climatique, à la Conférence des Parties de Paris vers la fin de l'année.
Compte tenu des pressions croissantes que nous subissons sur nos parcs et leurs écosystèmes à travers le monde, à la fois sur terre et dans les océans, ainsi que les impacts alarmants du changement climatique, il est essentiel que les femmes et hommes politiques présents ici, les responsables d’organisations internationales de protection de l’environnement, les responsables d’organismes spécialisés de soutiens et d’appui à la conservation, les associations diverses et l’ensemble des personnes engagées, fassent la promesse, ici à Sydney, d’encadrer, d’appuyer et de soutenir les femmes et les hommes qui consacrent leur vie à la protection de nos parcs, et de travailler ensemble pour préserver l'intégrité de notre planète.
Je vous remercie.
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