Tolérance zéro pour les braconniers : Une alliance globale
13 févr. 2014Londres, le 13 février 2014 – La Conférence de Londres sur le commerce illicite des espèces sauvages marque un tournant dans le combat global contre le braconnage : moratoire de dix ans sur les ventes d’ivoire, multiplication des destructions de stocks existants, identification d’un problème géopolitique de sécurité transnationale. A la tribune, Ali Bongo Ondimba dénonce le « cycle » liant les massacres d’animaux, la criminalité et la menace pour la stabilité des pays africains.
Le commerce illicite des espèces sauvages, qui génère annuellement près de 20 milliards de dollars, est à l’origine du massacre de 50.000 éléphants par an et de la mort de 1000 gardes en brousse. Idée originale de S.A.R le prince Charles suite à une conversation avec S.E le président de la République gabonaise, la conférence IWT 2014 a débouché sur l’adoption de la « Déclaration de Londres ». Ce document fondateur entérine le souhait émis par le Gabon de voir nommé un représentant spécial pour les crimes fauniques auprès du Secrétaire général des Nations Unies.
Le cycle infernal
Pour le président Ali Bongo Ondimba – scandalisé par ces corps d’éléphants, « nos totems dans la culture bantoue », abandonnés à la pourriture - l’heure n’est plus aux tergiversations. « Dans toute l’Afrique, les braconniers peuvent s’introduire dans des régions en paix qui regorgent de ressources naturelles, déclenchant une spirale de criminalité et de souffrance qui alimente les conflits civils armés ». Le Gabon a perdu les trois-quarts de ses éléphants de forêt, rappellera-t-il. Le lien est établi, comme le confirme le dernier rapport de l’Institut royal des affaires internationales (www.chathamhouse.org) intitulé « Le coût du crime, de l’insécurité et de l’affaiblissement institutionnel », entre le braconnage, la criminalité et le terrorisme. « C’est un cycle qui commence par la tuerie de rhinocéros et d’éléphants, puis les braconniers deviennent des bandits, et enfin des rebelles ». Ainsi est-il prouvé que les insurgés Shebab de Somalie se financent par le trafic de l’or blanc, via le Kenya.
Un effort concerté pour une tolérance zéro
Ainsi, alors que les États-Unis renforcent leur législation concernant l’ivoire, alors que la France devient le premier pays européen à brûler son stock de défenses saisies par les douanes, alors que le Royaume-Uni débloque des fonds pour structurer la réponse sécuritaire via le Consortium international de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages (ICCWC), le Gabon, qui a déjà brûlé son stock, adopte la « tolérance zéro ». « J’ai signé une nouvelle loi, indique le chef de l’État, faisant du braconnage et du trafic des éléphants un crime ».
A la mi-journée, en marge de la conférence, le prince Charles a reçu Ali Bongo Ondimba afin de le remercier de vive voix pour son action mobilisatrice décisive et pour s’informer du projet Gabon Bleu de sanctuarisation de parcs marins.
FIN
Qu’est-ce que la criminalité en matière d’espèces sauvages ?
Par “espèces sauvages”, on entend toute la faune et toute la flore. La “faune” se compose non seulement des animaux et des oiseaux, comme les tigres et les faucons, mais aussi des poissons. La “flore” se compose des plantes, comme les orchidées ou les cactus, mais elle inclut aussi les arbres et les plantes forestières non-ligneuses, dont certains produits font l’objet d’un très important commerce illégal.
Pour l’ICCWC, “la criminalité” recouvre des actes contraires aux lois et réglementations nationales visant à protéger les ressources naturelles et à en administrer la gestion et l’utilisation. Il peut s’agir de l’exploitation illégale de ressources naturelles, comme le braconnage d’un éléphant, l’arrachage d’une orchidée rare, l’abattage non autorisé d’arbres, ou la pêche aux esturgeons sans licence. Elle peut aussi inclure des actes ultérieurs, comme la transformation de la faune et de la flore en produits, leur transport, mise en vente, vente, possession, etc. Elle inclut aussi la dissimulation et le blanchiment des bénéfices financiers résultants de ces délits, dont certains ont lieu seulement dans le pays d’origine et d’autres également dans le pays de destination, où les spécimens vivants de la faune ou de la flore sont consommés.
23 organisations de protection de la nature plaident pour un nouveau moratoire – La demande en ivoire a été stimulée par deux « ventes uniques expérimentales » approuvées par la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Ces ventes concernaient 49 tonnes en 1999 et 108 tonnes en 2008 provenant des stocks gouvernementaux de pays d’Afrique australe. Dans le cadre de la vente de 2008 et malgré la forte opposition de beaucoup d’Organisations Non Gouvernementales, la Chine a été autorisée à acheter 62 tonnes, ce qui a augmenté la demande de la part des citoyens chinois dont le niveau de vie augmente. Cette vente a également contribué à l’augmentation des prix et facilité le blanchiment de l’ivoire illégal en ivoire « légal ».
Création de la Journée mondiale de la vie sauvage, le 3 mars 2014
Le 20 décembre 2013, la Soixante-huitième session de l’Assemblée générale des Nations Unies a décidé de proclamer le 3 mars, date de l’adoption de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), Journée mondiale de la vie sauvage, pour célébrer la faune et la flore sauvages de notre planète et sensibiliser le public.
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